Le Village
Evelette, petit village condruzien situé dans la commune de Ohey, et le théâtre de notre balade cet après-midi. Evelette est installé au fond d’un vallon où coule le ruisseau : la Vyle. Petite rivière qui rejoint le Hoyoux dont on vous a parlé ce matin, lors de la visite du château de Modave.
Le village est typique du Condroz de par sa
configuration : toutes les maisons sont construites le long de l’axe
principal. Si on réalise une coupe de profil on perçoit un « V »,
c’est ce qu’on appelle un « village rue ». C’est uniquement depuis
une trentaine d’année, depuis le remembrement de 1977 que le village a commencé
à s’étendre de façon tentaculaire, car les autorités locales ont accepté de
vendre des pâtures comme terrains à bâtir, dans le but de faire revenir une
population citadine vers les campagnes.
Nous avons ici , une vue panoramique des lieux, et si nous suivons cette faille
géologique, en commençant par notre droite : d’abord le hameau de Eve avec
son gros donjon, suivons le ruisseau jusqu’à la ferme de Froidmont. Le village
d’Evelette existe depuis le Moyen Age et n’était qu’un ensemble de chaumières
habitées par les cerfs qui travaillaient pour le bien de la communauté,
représenté par le seigneur d’Eve.
Si on balaye le paysage vers la gauche, on voit que la vallée descend gentiment vers un
autre hameau, celui de Libois qui au Moyen Age n’était que 2 grosses fermes
dont le produit revenait directement à l’Evèque et ultérieurement à la
principauté de Liège.
Les Comognes
Le parcours commence ici au sommet d’un tige, d’une colline, sur le
lieu appelé « les Comognes ». Cet endroit offre un panorama unique
sur le Condroz.
printemps |
été |
Ce hameau est bâti le
long d’une ancienne voie romaine, qui domine le paysage typique du plateau condruzien : une succession de pâtures et de champs vallonnés, entrecoupés
de petits bosquets.
ancienne voie romaine |
Expication étymologique :
C’est une peuplade d’origine germanique qui s’est installé
très tôt sur ces plateaux, le nom de ce peuple : les « Condruzes »,
banalisé aujourd’hui sous le nom d’une bière locale que l’on peut déguster à
Ohey, le village voisin.
Et puis , nous somme sur une comogne. au Moyen Age , c'est un bien communal dont le produit
revenait aux habitants et non au suzerain. Vu la position du lieu, balayé par
les vents, au sommet de la colline, on peut imaginer que les cerfs ne devaient
pas retirer grand-chose de ces terres mal exposées. A Libois , où nous
passerons toute à l’heure, les comognes sont situées dans un fond, le long de
la Vyle à côté de la chapelle de Libois. C'est un sol assez marécageux !
les comognes de Libois avec la chapelle parmi les arbres et la Vyle qui s'insinue dans les champs. |
A vos pieds, la vallée de la Vyle qui coule très doucement
vers le Hoyoux ; et Evelette, le village qui tel un orvet se glisse au
fond du versant et gravit l’accotement d’en face.
Les Fermes de l'Avouerie
Avec la tour d’Eve, c’est un des ensembles les plus anciens
que nous trouvons sur le territoire de la commune, les bâtiments originaux de la ferme remontent au XIIIème siècle.
Elle a toujours appartenu à l’évêché de Liège.
Qu’est-ce qu’une avouerie : c’est un domaine géré par
un avoué, au moyen âge, un chanoine qui doit entretenir les lieux et les biens
de son suzerain, mais à ses frais ! Un des dernier avoué, est Pierre de
Rossius, qui vivait au château de Libois que nous allons voir un peu plus
haut !
Il y a 2 fermes : la plus ancienne étant celle qui est
ornée de tourelles qui ont été rajoutées au XVIIIème siècle. La description de Pierre De Saumery dans les
« Délices du Pays de Liège » est assez parlante :
« un gros pavillon carré flanqué d’une grosse et haute
tour occupant le milieu d’une basse-cour, défendue par 3 tours un peu moins
hautes. Les appartements sont grands, mais forts négligés à cause de l’absence
des maîtres ! ». Cette avouerie a été longtemps sous la gestion de la
famille de Rossius, dont certain furent bourgmestre de la ville de Liège.
Aujourd’hui, les fermes se consacrent en grande partie à
l’élevage bovin, spécialité de la région.
vue aérienne prise dans les années 1970 |
les Avoueries aujourd'hui |
les Avoueries aujourd'hui |
La Guerre de la Vache
Vraie ou fausse, toujours est il que cette guerre qui mit en
présence le Conte de Namur et le Prince Evêque de Liège, dura plus ou moins 3 ans de
1273 à 1275. Près de 60 villages furent détruits et il y eut 15.000 morts
(énorme pour l’époque !)
Pourquoi : la « guerre de la vache » ?
Il a suffi d’un banal vol de vache appartenant à un paysan de la principauté de
Liège, dont le voleur prénommé « Engoran », pauvre hère, voulut faire don à son vassal, le Conte de
Namur. Il n’en fallut pas plus pour envenimer les mauvaises relations
séculaires et mettre le pays à feu et à sang. A cette époque, tout était
prétexte à guerroyer, et les problèmes de frontières, si elles n’étaient pas
d’ordre linguistique comme aujourd’hui, avaient un effet meurtrier et
destructeur, et n’entraînaient jamais que le pays à la famine ! Devant ce
fléau, les seigneurs arrêtaient subitement leur dispute et se réconciliaient
comme si rien ne s’était passé !
Il existe un circuit à moto de 2h30 au départ d'Andenne.
La Chapelle Saint Hubert à Libois
La chapelle a été construite à la fin du XVIIIème siècle par
la famille Jamar de Maillen, de style
néo-gothique, et est consacrée à St Hubert.
A l’intérieur :
- Fresques dans l’abside principale au–dessus du cœur
- Mobilier en bois du XVIIIème
- Mobilier sacerdotal, volé dans les années 80, deux chandeliers en argent
A l’extérieur :
- Les pierres tombales dressées sur le mur de la chapelle appartenant à la famille de Rossius
- La croix de l’écorché vif inséré dans le mur d’enceinte de la chapelle
Le Château de Barsy à Libois
Le bâtiment actuel a été construit au début du XIXème dans
l’esprit baroque, il a été habité par les familles, de Warnant, chanoine de
l’Avouerie, de Rossius avoué des fermes
de Libois et bourgmestres de Liège, et ensuite par la famille Jamar de Maillen
et de Rochette. Aujourd’hui, le château a été racheté par des roturiers qui ont
entièrement rénové le bâtiment dont le toit était en ruine.
Ils sont également propriétaires du terrain de la Chapelle
St Hubert.
Fonction : château d’agrément, uniquement construit
pour s’adonner aux plaisir de la chasse !
Attention : le château aujourd'hui est un lieu privé !
Le Château de Résimont & Edouard Van Beneden
Ce château part d’un corps de ferme avec ses dépendances. Il
a été agrandi au fil des ans par leurs propriétaires suivant l’utilisation et
la fonction de ceux-ci.
- Premier corps de ferme au XVIIIème
- Adjoint d’une maison assez spacieuse
- Le pavillon fin XVIIIème qui servit d’habitation, alors que la maison devint un laboratoire pour le zoologiste
allée du château de Résimont (privé) |
Edouard Van Beneden : éminent zoologiste liégeois, qui grâce aux premiers travaux effectués par son père, a trouvé très jeune, que les hommes comme les femmes avaient un nombre identique de chromosomes. La ville de Liège, ainsi que l’Université de Liège, pour le remercier de ses découvertes, lui offrit le château de Résimont où il résidera et fera de nombreuses expériences jusqu’à sa mort en 1910. A l’époque, les gens d’importance, se voyaient plus souvent gratifier d’un domaine dont leur maître, réduit à la misère suite à la Révolution Française, devait se défaire pour survivre. Cette pratique permettait une nouvelle gestion des domaines et des fermes.
Il est aussi à l’origine de la création de l’Aquarium Dubuisson à Liège !
Le hameau d'Eve et la ferme de Froidmont
Statue consacrée à E. Van Beneden |
Le hameau d'Eve et la ferme de Froidmont
Eve et son donjon,
L’origine du mot Eve vient du latin qui signifie : eau
.
Nous sommes devant un bâtiment qui a appartenu à l’une des
plus ancienne famille de Belgique : la famille d’Argent,
comtes de Namur, dont les descendants perpétuent la lignée aujourd'hui !
Un acte reprenant le nom d’Agnès d’Eve a été retrouvé dans
des archives du XVème siècle. Agnès n’était autre que la fille du Prévôt de
Poilvache qui est un château situé plus à l’ouest en surplomb de Meuse. Ce dernier était également Grand
Bailli d’entre Sambre et Meuse (on peut le comparer aujourd’hui au ministre de
la justice : le prévôt exerçant sur une
seigneurie, le grand bailli sur un territoire considérable) A l’époque ,
Eve appartenait au Conté de Namur.
Architecture : le donjon remonte
au XIIème siècle, et est un exemple typique des constructions romanes du
Condroz. Construite en pierre de grès de la région, elle est de forme carrée,
et sa toiture est en ardoise.
Fonction du donjon : jamais habité par les seigneurs,
servait seulement de logement de passage au prévôt pour la récolte de la dîme
et du cens, ou lorsqu’il fallait rendre justice. Les seigneurs descendaient de
préférence à la ferme de Froidmont qui offrait plus de confort !
la ferme de Froidmont |
Bâtiment médiéval un
peu plus tardif que la tour d’Eve et la ferme de Froidmont.
A appartenu à la famille d’Eve et d’Argent, et à l’évêché de
Liège. C’est ici que les seigneurs venaient loger lors de leur passage dans le
village. Cette ferme offrait un confort et pour les gens et pour les bêtes, car
elle possède des étables et des écuries vastes. A partir du XIXème siècle, la
ferme devint un relais de poste et une auberge.
Dans les années 70, cette confortable bâtisse servit de
résidence de campagne à plusieurs ambassadeurs, qui se revendaient le bien
après en avoir profités : Israël, Jordanie, USA.
La ferme abrite un centre équestre couplé à des séjours linguistiques.
La ferme abrite un centre équestre couplé à des séjours linguistiques.
Consacrée à St Germain, l’église dépendait de l’évêché de Liège,
qui lui-même dépendait de l’Abbaye de Saint Germain des Prés jusqu’à la Révolution
Française. Le territoire de l’Abbaye était immense, l’église d’Evelette se
trouvait sur le chemin emprunté par les missionnaires pour se rendre de Paris à
Liège.
Saint Germain des Prés |
St Germain fut évêque de Paris au VIème siècle, il fut fondateur de l’église St Vincent rebaptisée en St Germain des Prés à sa mort.
statue de Saint Germain dans l'église parisienne |